Il est loin le temps où la France possédait un à plusieurs constructeurs de caravanes par département. Désormais, on les compte sur les doigts d’une à deux mains dans toute la France. Caravelair aujourd’hui en Ardèche fait partie des constructeurs qui ont su perdurer et elle a fêté l’an dernier ses 60 ans, l’occasion de revenir sur son histoire, qui commença dans les airs…
En 1960, la Société Sud-Aviation produit essentiellement la série d’avions Caravelle, la série d’hélicoptères Alouette et participe à l’étude et à la réalisation d’engins balistiques. C’est une société nationale d’Etat qui emploie 23.000 travailleurs dans le Sud-est et l’Ouest de la France. Les ventes de la Caravelle ralentissent et il s’agit d’occuper tous ces salariés employés par l’Etat français. L’entreprise cherche donc à se diversifier et produit notamment les réfrigérateurs Frigéavia, les téléviseurs Téléavia, etc.
Le marché de la caravane est porteur au au début des années 1960 et, avec l’accord de l’Etat, cette nouvelle activité est créée au sein de l’usine de St Nazaire où des ingénieurs se penchent sur ce qui est appelé à l’époque “les roulottes de camping”. Les débuts sont artisanaux. Au départ, une vingtaine de caravanes en pièces sont importées des Etats-Unis et sont construites sous licence Terry. Les premiers modèles construits réellement par Caravelair ont indéniablement un air de caravanes américaines.
En septembre 1961, le nouveau constructeur présente à la presse nationale les 2 modèles appelés “la Corsaire” et “la Goélette” qui deviendront les futures Bretagne (3m30) et Armagnac (4m20) lorsqu’elles arriveront quelques mois plus tard sur le marché. Elles sont de conception classique avec châssis acier profilé soudé électriquement, roues indépendantes, suspensions par barres de torsion. Le revêtement intérieur est en panneaux de bois stratifié. Par la suite différentes essences imprimées seront possibles comme le sycomore.
Dès cette époque les Caravelair sont distribuées par Trigano dans d’autres régions de France. Rapidement cette marque comme Digue ou Sterckeman va connaître un processus d’industrialisation de sa production. Trigano, spécialiste du monde du loisir, va progressivement prendre des parts dans l’entreprise et le site de production va s’étendre à Trignac, à 7 km. D’autres modèles sont rapidement proposés qui prendront tous le noms de régions de France excepté la petite “l’Alouette” et ses 2m90 avec son accès par grand porte double-battants à l’arrière. Il est possible de choisir une couleur pour la bande centrale : bleu turquoise, vert jade ou beige chamois. Nombre d’entre eux se souviennent des caravanes Caravelair produites par Dinky toys 1/43 qui émaillèrent nos jeux d’enfants. La marque est également visible sur toutes les routes de France grâce à son service après-vente et ses Estafette estampillées Caravelair.
Dans les années 70, la SEMM Caravelair est rachetée par Trigano. Peu après ce rachat, la production des caravanes Caravelair migre en Ardèche à Tournon sur Rhône où elles sont toujours produites. A partir de 1972, de nouvelles formes très carrées sont adoptées et les modèles prendront aussi le nom de villes françaises ou même étrangères (Hossegor, Lugano…). En 1974, le groupe est en difficulté et c’est le Crédit lyonnais qui en prend le contrôle avant de revenir dans le girons du groupe Trigano VDL à qui il appartient toujours.
Les caravanes Caravelair et Sterckeman sont toujours produites à Tournon sur Rhône en Ardèche. Il est d’ailleurs possible de visiter le site en réservant à l’avance.
Sources :
– Digue Dingue Dong
– Sylvie et Franck Méneret, Les caravanes de France et d’ailleurs, ETAI
– Page Facebook RCCF – Bruno Crotta
– Trigano (entreprise) — Wikipédia (wikipedia.org)
– Trigano VDL (visite du site actuel)
– Bruno Crotta pour les photos aériennes du site de production.
– Caravaning, n°75, octobre 1961