Lorsque l’on parle de caravane, on pense évidemment aux marques françaises, allemandes ou britanniques. Moins aux caravanes belges. Et pourtant, la Belgique a compté quelques belles marques de caravanes pendant les années 50, 60 et 70.
Chaque année, dès le beau mois de mai et encore plus en juin, nos voisins belges empruntent nos routes pour se diriger vers le soleil et profiter des aménités de l’hexagone. Près d’un ¼ des belges déclarent pratiquer le camping et il faut reconnaître que nous les voyons souvent avec du beau matériel.
Petites précisions sémantiques sur le belge francophone toutefois, que l’on peut aussi nommer belgicismes : si beaucoup apprécient le motor-home, le camping-car pour les français ; de plus en plus apprécient la caravane résidentielle que nous nommons mobil-home; d’autres ont opté pour le camping car qui signifie outre-quiévrain une caravane extensible pliante en toile … Mais il reste aussi d’irréductibles caravaniers, et, là, le mot est le même.
La période estivale est donc par excellence le moment de l’année où l’on peut revoir des ancêtres sur les routes, ce que nous français, appellerions des caravanes rétro … Bref , tout ça pour dire que le plat pays connaît dans les années 50 / 60 / 70 quelques fabricants qui construisent avec inventivité, recherchent la légèreté ou mettent l’accent sur le confort, parfois les 3 en même temps. Nous allons faire connaissanc de cinq de ces marques au cours de cet article.
Commençons par les charmantes Wa-wa au qui naissent de la volonté de Louis Dombard. Elles ont pour la plupart comme caractéristiques un toit qui s’abaisse pour les trajets, une carrosserie en isorel donc très légère, des roues jumelées avec un système de suspension par anneaux de caoutchouc. On les nomme pour les premières, 160, 180 ou 200 selon la largeur de la caisse. Très appréciées dans le monde rétro, elles sont cependant rares sur nos routes, mais ouvrez l’œil…
Plus courantes et de plus grande diffusion sont les Constructam, apparues vers 1959 en Flandres orientales. Elles sont reconnaissables à leur caisse en Polyester à mi-hauteur et leurs fenêtres arrondies sur l’avant. Très lumineuses et avec un mobilier en bois aux formes arrondies, elles sont aussi très agréables à tracter, leur centre de gravité étant bas. Elles portent le nom de Condor, Coral ou Comet suivant leur taille.
Autre marque qui connaît une certaine diffusion, les caravanes De Reu qui apparaissent à Bellem entre Gand et Bruges. Les aménagements bois étaient tout aussi bien conçus et proches des Constructam mais elles étaient extérieurement bien distinctes. La première forme est caractérisée par une face avant droite avec une ligne descendant vers l’arrière puis elles adoptent au milieu des années 60 une ligne plus classique et arrondie aux angles ainsi qu’un toit relevable. Leurs noms évoquent de différentes manières de petites habitations, la Cahute , la Casbah ou la Casa Blanca. Elles seront construites jusqu’au milieu des années 80.
Autre solution technique qui permet une forme bien particulière sont les Bourgeois, nées à Ostende en 1960. Deux frères choisissent l’aluminium embouti qui permet de construire une caravane aux formes arrondies. Elles disposent aussi de freins hydrauliques bien efficaces. Les noms n’évoquent pas cette fois l’évasion mais plus simplement la taille, B36 pour les 3m60, B43, B50.
Terminons par le graal belge, la Notin du pays plat avec les étonnantes La Tortue, construites à Ypres dès 1950. Elles sont immédiatement reconnaissables à leur forme de parallélogramme qui leur donne un look qui “fait sensation” comme l’évoquent les publicités. Le marque appelée cette ligne “Mercury”. Conçues pour améliorer leur pénétration dans l’air, elles proposaient de nombreuses solutions pour améliorer le confort : toit relevant ne polyester en deux parties qui assure une climatisation naturelle, volets métalliques intérieure aux fenêtres , grand coffre sur toute la partie arrière pour ranger “le brol” (version familière belge du barda) du caravanier, marche-pied intégré. Elles étaient toutefois assez lourdes, confort oblige, mais invitaient au grand-voyage et à l’exotisme avec leur nom d’îles, Micorca, Corsica, Mallorca, Capri, Capri MK II pour le vaisseau amiral de la marque, une double essieux de 6m85 de longueur sur 2m20 de largeur.
Maintenant que vous avez lu cet article, et avec un peu de chance, je suis sûr que vous apercevrez prochainement sur nos routes, certaines de ces belles “ancêtres” belges.
Ressources :
–Le camping a évolué, le campeur aussi – La Libre , article du 6/02/2015
-Sylvie et Franck Méneret, Caravanes de France et d’ailleurs (1920-1960), ETAI 2010